Consommer éthique : vers une sexualité plus écoresponsable
Depuis quelques années, la prise de conscience écologique gagne du terrain dans toutes les sphères de la vie quotidienne. L’alimentation, la mode ou encore les transports sont désormais passés au crible de l’écoresponsabilité. Mais qu’en est-il de notre intimité ? Peut-on avoir une sexualité plus respectueuse de l’environnement ? La réponse est oui. De nouvelles pratiques et produits permettent aujourd’hui d’allier plaisir et éthique. Dans cet article, découvrons comment vivre une sexualité écoresponsable sans compromettre le bien-être, le confort et la santé sexuelle.
Choisir des sextoys durables et écoconçus
Le marché des sextoys connaît une croissance constante, avec une offre variée et innovante. Toutefois, bon nombre de ces produits sont encore fabriqués en plastique non recyclable, avec des matériaux difficiles à tracer. Une sexualité éthique passe par un choix éclairé des objets que l’on utilise.
Privilégier les sextoys en matériaux durables comme le silicone de qualité médicale, l’acier inoxydable ou le verre borosilicate présente plusieurs avantages :
- Sans phtalates ni substances toxiques ;
- Faciles à nettoyer et à désinfecter ;
- Recyclables ou bien plus durables dans le temps ;
- Fabriqués par des marques engagées dans une démarche écoresponsable.
Des marques comme Féminin.bio, Lora DiCarlo ou encore Lovehoney’s Happiness Promise proposent aujourd’hui un large éventail de sextoys durables, véganes et parfois certifiés cruelty-free. Certains fabricants vont plus loin en s’engageant sur la neutralité carbone ou en utilisant de l’énergie verte pour la production.
Préservatifs écologiques : protéger sa santé, et la planète
Le préservatif est un incontournable de la santé sexuelle. Pourtant, la majorité des préservatifs sont à usage unique, en latex conventionnel et accompagnés d’un emballage plastique. De quoi alourdir sensiblement votre empreinte écologique.
Heureusement, il existe aujourd’hui des préservatifs écoresponsables fabriqués en latex naturel issu de forêts gérées durablement, souvent certifiés par le label FSC (Forest Stewardship Council). Ils contiennent moins d’additifs chimiques, sont biodégradables et leur emballage est parfois recyclable ou compostable.
Voici quelques marques engagées à découvrir :
- Fair Squared : latex équitable, vegan et zéro plastique ;
- GLYDE : premiers préservatifs certifiés Vegan Society ;
- HANX : fabrication en Europe, latex durable, sans parfums ni colorants.
Les lubrifiants peuvent également être choisis en version biologique, avec des compositions naturelles, sans parabènes ni produits pétrochimiques. Privilégiez les lubrifiants à base d’eau ou d’huile végétale (selon l’usage) fabriqués localement ou avec des ingrédients issus de l’agriculture biologique.
Slow sex et sexualité consciente : consommer moins mais mieux
La démarche écoresponsable ne se limite pas aux produits utilisés. C’est aussi une nouvelle manière d’envisager l’activité sexuelle elle-même. Le slow sex, ou « sexualité en pleine conscience », encourage à ralentir, à se reconnecter à son corps et à celui de l’autre. Cela implique moins de performance, mais plus de qualité. Moins de gadgets, et plus de présence. Une forme de sobriété heureuse appliquée à la sexualité.
En intégrant des pratiques comme le tantra, la méditation de pleine conscience ou la sensualité non pénétrative, le couple (ou la personne seule) explore le plaisir de manière durable. Cela permet aussi de réduire l’utilisation systématique d’accessoires ou de produits à renouveler fréquemment. Autrement dit : faire mieux avec moins.
Réduire son empreinte carbone dans le plaisir numérique
La sexualité moderne passe aussi par le numérique. Sites de rencontres, vidéos pour adultes, sexting… Ces usages digitaux ne sont pas sans impact écologique. Le streaming de vidéos pornographiques, par exemple, représenterait une consommation équivalente à 80 millions de tonnes de CO₂ par an, soit l’équivalent de 0,2 % des émissions mondiales, selon un rapport de The Shift Project.
Quelques pistes pour un érotisme numérique plus responsable :
- Limiter la consommation de vidéos en streaming au profit de contenus audio ou de lectures érotiques ;
- Préférer des plateformes éthiques, féministes ou alternatives, qui respectent les créateur·rice·s de contenus ;
- Utiliser des applications ou sites hébergés dans des datacenters verts ;
- Réduire la dépendance au smartphone pour favoriser un lien plus ancré dans le réel.
Sous-vêtements et lingerie éthiques : allier sensualité et responsabilité
Les vêtements intimes occupent une place importante dans le jeu sexuel. Pourtant, leur fabrication est souvent peu respectueuse de l’environnement. Matières synthétiques issues du pétrole, teintures chimiques, exploitation humaine dans les usines… leur coût réel dépasse de loin l’étiquette.
La lingerie écoresponsable fait partie intégrante d’une sexualité durable. Voici quelques critères à prendre en compte pour bien choisir :
- Fibres naturelles ou recyclées (coton bio, Tencel, bambou) ;
- Label GOTS ou OEKO-TEX garantissant l’absence de substances nocives ;
- Marques locales avec transparence sur la chaîne de production (Atelier Unes, Olly Lingerie, Underprotection…)
La lingerie durable est non seulement respectueuse de la planète, mais aussi plus douce pour la peau, particulièrement dans les zones intimes.
Hygiène intime et menstruations : réduire les déchets plastiques
Une sexualité responsable intègre aussi l’hygiène intime et la gestion des menstruations. Les protections hygiéniques jetables (serviettes, tampons) représentent des tonnes de déchets chaque année. En optant pour des alternatives réutilisables telles que la cup menstruelle, les culottes menstruelles ou encore les serviettes lavables, on réduit considérablement cet impact.
Les produits de soin pour l’hygiène intime peuvent également être choisis bio et sans perturbateurs endocriniens. Des marques engagées comme Dans Ma Culotte ou Loulou proposent aujourd’hui toute une gamme de soins doux, respectueux du microbiote et de l’environnement.
Couples et consentement : une écologie de la relation
Enfin, la sexualité écoresponsable dépasse le matériel. Elle prend aussi en compte la dimension humaine et relationnelle. Mieux communiquer, respecter les désirs et les limites de chacun, construire une sexualité inclusive et positive, voilà autant d’aspects d’une démarche durable.
L’écoute, le consentement mutuel et l’ouverture à l’autre permettent d’éviter les rapports contraints, de limiter les souffrances émotionnelles et de créer une relation harmonieuse, en accord avec les valeurs de respect, d’équité et de bien-être collectif.
Penser l’intimité de façon éthique, c’est donc aussi penser nos désirs dans un cadre plus large : celui d’un monde plus juste et plus durable, où chaque geste compte.